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Parmi les nombreuses théories du complot entourant les missions spatiales, l’absence d’étoiles sur les photographies d’astronautes revient régulièrement. Comment expliquer que le ciel apparaisse noir et vide derrière les combinaisons spatiales étincelantes ? Cette question, loin d’être anodine, nous plonge dans les subtilités fascinantes de la photographie en conditions extrêmes et révèle les défis techniques auxquels sont confrontés les photographes spatiaux. Une exploration qui nous emmène bien au-delà de simples réglages d’appareil photo.

L’art délicat de l’exposition en photographie spatiale

La photographie spatiale obéit aux mêmes principes fondamentaux que la photographie terrestre : tout est question d’exposition et de compromis. Dans l’espace, les combinaisons spatiales des astronautes sont conçues pour être hautement réfléchissantes, renvoyant intensément la lumière du Soleil. Cette réflexion est si puissante que les photographes doivent considérablement réduire le temps d’exposition pour éviter une surexposition qui rendrait l’astronaute totalement blanc.

Or, cette réduction du temps d’exposition a une conséquence directe : le capteur ne reçoit pas suffisamment de lumière pour enregistrer les étoiles en arrière-plan. C’est comparable à une photo prise en plein jour sur Terre : même si les étoiles sont techniquement présentes dans le ciel, elles sont trop faibles pour être captées par l’appareil photo avec des réglages diurnes. La différence de luminosité entre un astronaute éclairé par le Soleil et les étoiles lointaines est tout simplement trop importante pour être capturée en une seule prise.

Mais alors, on fait comment ?

Les photographes spatiaux disposent de quelques solutions pour contourner ces limitations. L’une d’entre elles consiste à réaliser des compositions d’images : une première photo expose correctement l’astronaute, tandis qu’une seconde, avec un temps d’exposition plus long, capture les étoiles en arrière-plan. Ces deux images sont ensuite fusionnées pour créer un rendu final plus représentatif de la réalité perçue par l’œil humain.

À bord de la Station Spatiale Internationale qui file à près de 28 000 km/h, photographier les étoiles représente un défi supplémentaire. Les astronautes utilisent des appareils photo ultrasensibles pour compenser le mouvement. Cet équipement permet de réaliser des clichés spectaculaires de la Voie lactée, prouvant définitivement que les étoiles sont bien visibles depuis l’espace, pour peu qu’on sache les photographier !

Une question de perception et d’adaptation

L’œil humain, grâce à sa capacité d’adaptation remarquable, peut simultanément observer un astronaute illuminé et les étoiles en arrière-plan. L’appareil photo, lui, doit choisir : soit exposer correctement le sujet principal au détriment du fond étoilé, soit capturer les étoiles en surexposant complètement l’astronaute.
En photographie, on appelle « dynamique de capteur » cette capacité à enregistrer aussi bien les hautes lumières que les basses sur un même cliché. Elle augmente avec le temps, au fur et à mesure des évolutions techniques des capteurs des appareils photo.

Cette limitation technique, loin d’être un défaut, témoigne au contraire de l’authenticité des clichés spatiaux. Si toutes les photos montraient parfaitement à la fois les astronautes et les étoiles sans technique particulière, cela serait paradoxalement plus suspect aux yeux des experts en photographie.